à un ami
Peuple, le mot est faible et la chose est immense !
C’est un mot qui se chante et un mot qui se pense.
Comme pauvre le peuple a rien qui rime avec.
Il est d’un trait – avec un feu tremblant et sec.
Et cet exaspérant article défini…
C’est grâce à lui qu’Hugo passe un baume infini
Sur tous ceux dont il parle et tout ce qu’il écrit.
L’article fait le peuple : il l’enfante d’un cri !
Toi qui parle de haut et souvent en mon nom,
Redescends mon ami, et loin de tes canons
Regarde bien comment réellement nous sommes !
Aime-nous comme un fils, parle-nous comme un homme !
Nous qui vivons tout comme, on a du mal à dire ;
Mais ton Babel idiot tend à nous refroidir.
C’est un poème un peuple, avec de la chaleur,
C’est de la vie jaillie d’une grande douleur !
Peuple dès qu’on le dit, tous frères d’une lutte,
Marchons ! comme le dit la chanson de leur chute :
C’est notre sang impur contre leur argent sale,
Pour la terre qu’on foule et dont l’enfant hérite.
Élites de papier et gratteurs de mérite,
Nous sommes de l’argile et tu es colossal….
Justice est notre nom. Nous allons t’attaquer.
L’heure est au coup de tête ! – et Zidane a marqué.
*
[…]
*
Puisque les scélérats gouvernent le navire,
Puisqu’il prend l’eau, puisqu’elle empire et qu’ils s’attachent
Bravaches à leur mât malgré la mort en mire,
Quittez tout, souquez ferme, allez-vous-en ! Les lâches
Ne prennent pas la mer. Marins, prenez le large !
Puisque les scélérats gueulent à l’abordage,
Puisqu’ils nous prennent tout, on empire, on s’attaque
Bravaches à leurs mâts malgré la mort en mire,
Battons-nous, soyons ferme ! Et dégage, on arrive,
Comme un peuple agrandi d’une joie capitaine !