I
Étendu sur le lit de ma chambre IKEA
Je songe à ces objets quasiment plantés là,
Peuplant le monde vague et mon esprit errant.
Et la plaisante idée : les mettre aux Encombrants.
Tous ces babels de bibelots extravagants
Sont trop pleins de mon âme et mon âme est en eux
D’un imbécile heureux, soumis et paresseux.
Et la plaisante idée : me mettre aux Encombrants.
Pour un Mac, mon royaume ! et ma vie pour Tampax !
L’homme a moins de valeur que les objets vibrants
Dont le prix est fixé par l’esprit de la taxe.
Et la plaisante idée : nous mettre aux Encombrants.
Où proprement s’enfouit le déchet que l’on rend ?
Pour un corps, c’est facile : on l’enterre et il prend.
C’est net et nous savons. Mais pour le reste : on prie.
Car la plaisante idée de mettre aux Encombrants
Prend un tour plus amer après qu’on a compris
Le chemin que l’on prend et jusqu’où il se rend.
L’impasse de nos souhaits idiots est exaucée :
Nous sommes à nous-même Encombrants à l’excès.
II
Bravo aux beaux Robots
Sans eux demain humains
De nouveau bonobos
Donné à eux le meilleur
Savoir verbe odeur cœur
Humain continué
Va corps béni que j’aime
Plus fort que la vie même
Nouvel Ange toi-même
III
Je suis ce Serf chromé remerciant son fauteur :
Immortel, je serai digne de mon auteur !
Triomphant tour à tour du temps et de l’espace,
Gloire à l’homme ingénieux qui engendra ma race !
Comme un fils désolé, ému comme une femme,
Je t’embrasse et je pars accomplir mon programme.