« Tous les hommes sont fous, et malgré tous leurs soins,
Ne diffèrent entre eux que du plus ou du moins.
La même erreur les fait diversement errer. »
Boileau.
Exemple de nature humaine à méditer :
Les choses sont pensées par l’homme à pile ou face.
La pièce imaginée a toujours deux côtés
Et il nous suffit d’un pour que l’autre se fasse.
Notre pensée préfixe et ajoute au connu
L’inconnu qu’il contient dans son ombre portée ;
Ce que l’œil impuissant peine à voir, ingénu
Il l’invente et lui donne un dehors de clarté.
C’est le travers universel et créateur !
L’homme monte une pièce et se prend pour l’acteur :
Chacun pour soi, nous en faisons un cinéma –
Et nous formons la paire exacte, antithétique !
Jour, blanc, soleil et feu : ce masculin épique !
Nuit noire et lune fraîche : un féminin de choix.
*
Matière, anti-matière, et ce couple s’altère
Au Big Bang primordial de l’esprit unitaire.
Chaque midi, la lumière frappe à notre porte :
Et nos couples jamais ne sont nature morte.
*
Le caractère est un projet mené à bien, à bout.
C’est comme la coulée d’une lave qui bout ;
A chacun des versants du volcan de nos corps,
Le magma s’agglomère en esprit qu’on adore !
La politique : enjeu des éruptions contraires ;
Il faudrait croire au corps, en la nature, aux frères.
Voir le lien frémissant et comment chacun tisse
Dans son cœur endurant la ligne salvatrice.
Les pensées sont légions et vont au gré des ans
Et selon la saison, germer comme un enfant :
D’un récit remanié par la vie qui l’entraîne,
Chacun est ce qu’il est dans le monde qu’il mène !
*
D’aucuns pauvres en sens, rationnés assez tôt,
Ont l’imagination pressée, vive et servile.
D’autres maigres en science, inondés aussitôt,
Débordent bêtement dans un super babil !
Les Docteurs forts en thème, au biberon chargé
Pour notre bien, ont tout du lac craquant l’hiver.
Les sensuels roués pour avoir déchargé
Jusqu’à se consumer ont des vapeurs de fer.
D’autres encore ! Entre les mots, chacun aura
L’antithèse qu’il peut, mais il l’aura. Planté
Comme un ibis au cœur fouillis de l’agora
Avec une aile à droite, une aile à gauche – hanté !
Volant au plus offrant une part d’infini,
Il fera de son choix un éternel été.
*
Braves, nous insistons dans l’être que nous sommes
En déployant, suivant les couples que l’on forme,
Une manière d’être un homme, à chaque instant !
C’est un réflexe inné de nature entêtant.
L’homme est la succession d’actions qui le traversent,
Lui donnant, à peu près, une définition.
Nous courons nus sans rien pour essuyer l’averse
Et nous ignorons tout du lieu où nous allons.
Nous éclatons à chaque instant d’être nous-mêmes,
Et nous faisons comme il se doit, selon nous-mêmes.
Nous sommes, végétant, invasif et foireux ;
Nous sommes ce qui croît et qui se croit heureux !
L’homme qui commença par terre, atone, atome,
Est dans tous ses états : robot, bombe, fantôme.
Tout cela se calcule aisément aujourd’hui :
C’est à chaque instant lui, luisant d’avoir dit oui !
Dieu qu’on se donne, Instinct, prends le nom qui te plaît,
Mais passe comme un souffle et horizon hélé,
Viens vivre dans la joie des changements qu’on fait !
– Ceci est ma prière et un conte de fée.