L’INFINI DE DIEU

Je ne crois pas en Dieu. Mais je crois que l’Idée
De Dieu est bonne, et qu’il est bon de croire en Elle.
Je reconnais qu’en moi Dieu passa décidé ;
Je suis croyant par ma confiance en la Nouvelle.

Je n’en suis pas plus pur qu’un autre ; eux aussi ont,
Non révélée, de la lumière autour du front.
Pour la lueur trop occultée qui est la leur,
Retransmission de Dieu est faite à tout le monde !
C’est la seule et l’unique à faire le bonheur,
C’est la douceur de vivre et la douceur féconde.

Dieu est toute une histoire impossible à conter :
Mille fois proféré, unifié, réfuté.
Redescendu d’un Ciel diversement gravi,
Nous l’avons aujourd’hui dans le creux de nos mains :
Chacun de nous est Dieu puisque qu’Il est bien commun ;
Vivant, nous vénérons qu’il y ait de la vie !

Et quand bien même on rêve au vide du divin :
Flotter dans cet espace, ainsi qu’un astre vain…
De nos jours ce beau rêve est puissant, populaire.
Ne peut-on pas comprendre, humblement, en adulte,
Que cette bonne Terre atrocement contraire
Est un berceau d’amour et qu’on lui doit un culte ?

Bientôt sera trop tard. Tout ce que l’homme fit –
Défait ! Nous avons tous besoin d’un infini.
C’est l’élan supérieur à notre élan moteur :
Amis, allons ! qu’il soit de Dieu ou bien d’ailleurs !
Ce sont les horizons fleuris qui donnent faim ;
On ne commence pas lorsqu’on connaît la fin.

Alors rassurez-vous, hommes fous, disgraciés :
L’homme court à sa perte ainsi qu’il fit sa gloire –
La fin n’est que fiction très longue à apprécier,
Mais il saura en faire aussi toute une histoire !