« Celui qui ne médite pas vit dans l’aveuglement.
Celui qui médite vit dans l’obscurité.
Nous n’avons que le choix du noir. »
Hugo.
Changer le monde ! Idée excellente et stupide.
On ne change pas l’eau ; en surface, on la ride.
Jésus marche dessus comme Moïse, le boucher,
Mais c’est toujours Sisyphe enchaîné au rocher !
Conserver notre Terre en état de tourner,
Idée simple mais pierre, amusée de rouler,
Fait mousser son plaisir bien plus que nécessaire.
Maligne, elle pullule et donne le cancer !
L’homme fut charognard, prédateur et cochon ;
Omnivore et vorace, il remplit sa mission.
Bombardé Intendant de la planète entière
Il trembla, aux abois, cernés par ses chimères.
Réussir à s’échouer comme en mer la baleine :
Il faut qu’un monde à notre mort reprenne haleine !
C’est le devoir d’une âme expulsée de son corps :
Il faut mourir en dieu pour espérer encore !
*
Bien que contraire à tout ce qu’on peut éprouver,
L’homme est là par hasard et pour rien. C’est prouvé.
Comme le fait que l’homme à l’absolu fidèle
Et d’instinct dominant ordonne ce bordel.
Et quel que soit cet ordre, il débouche, in fine
Sur l’histoire d’un choix qui n’est pas terminé.
C’est tout le sens de proférer la préférence :
C’est faire une raison, après, de notre danse !
C’est la seule question aujourd’hui qui importe :
À l’époque où l’Enfer tambourine à la porte,
Il faut ouvrir et dire en quel camp l’on se range
Ou assumer la mort comme un heureux mélange !
L’air de rien, l’homme intrigue au dénouement fatal.
Pourquoi ? Pour rien. Puisqu’il le peut, l’homme s’étale.
L’homme sera toujours une espèce à pleurer
Préférant à l’horreur joliment se leurrer.
*
Visions de Poésie, d’Histoire et de Nature !
Successions apparues dans la réécriture
Constante du réel à l’aune de l’esprit.
Toutes trois m’ont parlé, et je les ai compris !
Je suis la Poésie trois fois désargentée !
Je fus Reine longtemps, avant de déchanter.
Né du bris et du noir, je serinais le Beau !
Je le faisais rimer avec l’heureux tombeau !
Je suis l’Histoire aux bras musclés de mes racines ;
Sujet aux allergies, j’aime qu’on me vaccine
Et Vérité, ma fille, est un grand médecin.
Comme l’autre au destin, je crois à mes desseins.
La Nature se tait, et bientôt nous embrasse ;
C’est qu’elle est grande et brasse entièrement nos races.
Nature, Dieu vivant de toute éternité
Si la conscience humaine est vaincue de lutter !
*
Matière noire ! Et c’est toujours la même histoire :
Et si tu n’étais pas ? Dieu, Ciel, Ange notoire,
Éternel avatar de l’infinie absence,
Tu nous perds d’un chemin et pourtant tu fais sens !
Adieu, Matière noire et grisée d’arlésiennes !
Dieu est une présence et elle fait des siennes.
C’est de nos mains, en notre nom, contre nos pairs :
Demain souffre fondu dans l’acide et dans l’air !
Adieu la Vérité ! Étoile narcissique,
Brillant mensonge, écho de lumière pudique !
Adieu même, Beauté ! Pour relever la vie,
Encor faut-il qu’il y en ait, qu’on ait envie !
Nature Bienvenue, reprenons notre étreinte
À la mode héroïque et en rimes contraintes !
Tu n’es pas comme Histoire ou comme Poésie,
Par tous tu es écrite et partout tu es cri !