Ô Soleil adoré par tout le genre humain,
Éclairant notre vie s’écoulant de tes mains,
Aujourd’hui comme hier nous allons
Dévaler la vallée
Comme une eau de rivière en serpents de chemins
Désemparés de s’en aller
S’évaporer
Sous les rayons ardents de ton feu adoré !
*
Princes par droit d’aînesse, ô Rois de nos cavernes,
Louis, Charles, François, Napoléon, De Gaulle :
Où êtes-vous, Seigneurs éclaireurs de lanternes ?
Où sont Auguste, Horace, Aristote ou Saint-Paul ?
Lumières occultées par nos néons modernes,
Vous clignez, effarés de voir qui nous gouverne !
D’où sort ce reliquat qui roule des épaules ?
Où sont les rois assassinés en premier rôle ?
Astre maigri comme une puce automatique,
Souris, tu es filmé… Tu joues au monopole,
Imbécile élevé au robot de contrôle !
Soleil télévisé des majestés antiques !
Français, je sais la joie de la tête coupée ;
Chez nous, on se tempère à coups d’assassinats.
Cela se danse, en Italie. Plus Grand Guignol huppé,
Du Soleil d’Austerlitz à la Bérézina,
Nous sommes ce vieux peuple ayant fait le plus neuf !
C’est plus de verve, enfin, que trois nations n’en a !
Fille aînée du Discours, la Fable a fait un bœuf :
Victor Hugo fut président, un Nirvana !
Peuple champion du monde en art géométrique !
Nous sommes une Chine étouffée dans son œuf
Et nous sommes la terre où fut QUATRE-VINGT NEUF !
Soleil télévisé des majestés antiques !
Je sais que Floréal qui fit l’Être suprême
Fut trop court, raccourci par l’Homme de Brumaire.
L’eucharistie de l’Être : entre un Dieu qui nous aime,
Et l’idée qu’il en faut comme il faut une mère,
Un néant d’abstractions jusqu’à ce que la Terre,
Martyrisée jusqu’au calvaire de nos races,
Incarne en croix de bois la Nature qui passe…
Vivons pur dans son ciel et nos nids de chimères,
Et picorons le monde en piaillant des cantiques !
Qu’on traverse l’espace en laissant nulle trace,
Dans un monde pareil à ce Soleil qui passe !
Soleil télévisé des majestés antiques !
Prince, nous te rendrons la monnaie de ta pièce ;
Puis il faudra mourir. Allez, par gentillesse,
Nous te débrancherons. Nos Fées sont électriques !
Nous savons la saveur retrouvée de la vie
Et nous irons voler ton feu pour la survie !
Soleil télévisé des majestés antiques !
*
Ô Soleil adoré par tout le genre humain,
Éclairant notre vie s’écoulant de tes mains,
Aujourd’hui comme hier nous allons
Dévaler la vallée
Comme une eau de rivière en serpents de chemins
Désemparés de s’en aller
S’évaporer
Sous les rayons ardents de ton feu adoré !