France qui fut fameuse, un reste de prestige
Auréole ton nom dans les livres d’Histoire.
Si l’étranger se pâme en voyant tes vestiges,
C’est qu’un monde rêvant rêve toujours ta gloire !
Bien sûr qu’elle exista, avant qu’on dégénère,
Ô France, ta grandeur. Repose en paix, Patrie.
Tu n’as plus ce qu’il faut pour prendre de grands airs
En exigeant, pour tout tribut, l’idolâtrie.
Bien sûr qu’émane encore un relent de parfum
De ton cadavre chaud… Et c’est à pleins poumons
Que je gonfle d’orgueil en te fouillant, défunt
Dont le sang bout toujours en moi comme un Démon !
Bien sûr qu’en végétant, tu gâtes ton Histoire :
Rome n’est pas Byzance, et sans parler d’Athènes…
L’homme préfère à l’Éternel le transitoire
Et les récits trop longs ont des fins trop certaines.
Disons que c’est passé. […] C’est passé dans ta langue,
Dans un français passant du plus chic au sabir,
Et d’un latin d’Afrique au créole d’un slang !
Ô France, c’est ta loi : c’est la vie, sans traduire.
Notre peuple demain persistera. C’est dit.
Tout repousse, toujours ! Vive et régénérée
La terre inculte, au soleil lent, est dégourdie.
Friches renouvelées, donne-nous des forêts !
Jadis droits comme un coq dans nos gauloiseries,
Nous fumes étripées pour claironner matin,
En rendant gorge aux conquérants de nos prairies
Dans la langue d’airain de ces colons latins.
Puis de franche mémoire imprégnée en mille ans,
Rome fit un enfant qui s’appela Paris ;
Et j’en parle la langue alors qu’assimilant
La France, et moi, et plus, elle fut barbarie.
Barbares du futur nous irons, amoureux,
Vivre d’étranges jours avec d’autres idoles !
Nous irons seriner dans leur langue et pour eux !
Ainsi soit-il ! C’est l’éternelle farandole !
Fidélité pourtant du grand poète : Ô France,
Je chanterai ton sang jusqu’aux derniers rayons
Et ne tomberai pas sans vivre d’espérance
Pour l’honneur de ton jour et de ton Panthéon !