CHUTE D’ASSANGE

Assange, pour avoir dénoncer les abus
Du premier des pouvoirs fut jeté en exil ;
Mais la Terre est entière aux mains d’une tribu
Et l’errant, mal famé, ne trouva plus d’asile.

La femme – c’est biblique, abonnée aux serpents,
Fut lancée contre Assange afin qu’assez souillé,
Ce mâle blanc déchu, pris dans un guet-apens,
Soit comme un papillon cloué jusqu’à rouiller !

Gardé de jour comme de nuit par les agents
De ceux qui font la pluie dans leur bureau ovale,
Il est laissé pour mort car l’exemple est urgent :
Il faut que la couleuvre, et il faut qu’on l’avale !

La presse est sourde aux tintements de l’angelot :
Au diable tes conseils, sale oiseau de malheur !
Et la presse endiablée au rythme des salauds
Dansa avec la joie pipée de l’oiseleur.

C’est la torture à chaque pieu photographié ;
C’est rendre le Saint fou pour mieux faire une Croix
Sur le beau nom d’Assange ; aujourd’hui crucifié,
Ses mains blanches salies par un sang qui s’accroît.

Assange, à l’horizon de choir des cieux, publie
Le testament de ton soleil… qu’il nous éclaire !
Et qu’il donne naissance à la grande Ordalie,
Au ver sacrum de l’expiation spectaculaire !

*

L’homme est ce qu’on en fait ; certains en font un Ange.
Ce sont ces Messagers aux paroles pénibles ;
Remuant de leur ciel un peu de notre fange,
Ils mettent en lumière et ils sont pris pour cible.

C’est l’honneur d’Antigone illuminant leur front !
Omalu, Brockovitch, Franchon, Snowden, Meyer,
Et des millions, seuls contre tous, qui d’un clairon
Sonnent l’alarme à mort pour un monde meilleur !

C’est l’homme qui se bat pour contrer les Robots
Avant d’être client, irrémédiablement,
De ces Machineries préparant nos tombeaux
Et négociant notre âme à des prix infamants !