RÉVOCATION

Pauvre Éris, renvoyée, dès que la Vénus vint.
Histoire éparpillée aux souffles de la vie,
En te tapant la cuisse et en buvant du vin,
Regarde-nous manger ta pomme de l’envie !

Vénus, sur mes genoux, pour que la vie exulte !
Déesse éclaboussée d’un père émasculé,
C’est entre Ciel et Terre, écume du tumulte,
Que tu donnas ton sang pour nos fertilités !

Couchée, Éris ! Tous tes soleils sont de carbone.
Nous rappelons nos chants à ta gloire hasardeux :
L’enfant rafflue – giclée d’espoir – nous deux – adieu !

Lève-toi ! Bel amour de Nature, à genoux,
Nous ronronnons dans ton cosmos en pauvres fous,
Mettant parfois la griffe à ta patte trop bonne !

*

Triste Sire, on se quitte : adieu, tu es perdu.
C’est la Bonne Nouvelle allant d’un peuple à l’autre :
L’homme en nous a parlé. La cause est entendue.
Nous sommes des millions de guerriers et d’apôtres !

L’homme succède à l’homme, espérant que l’enfant
Échappé de l’enclos ne lui reviendra pas :
Ne sois pas de moi-même un retour triomphant,
Cueille et foule la terre où fleurit mon trépas.

Nous regardons nos noms s’effacer sur le sable
De cette plage où nous marchions, vains et passables.
Nous regardons l’écume émoussée de nos âmes

Redessiner la plage aux allers de sa lame,
Vague du jour levée – apporte ton limon,
Et découvre ta terre en recouvrant nos noms !

*

Naître et admettre une défaite est révoltant :
Nous croyons en l’espèce et au bon sens du temps.
Tout recommence au tourbillon d’une naissance !
Puisque l’homme a fonction de lui donner du sens !

Tout ça c’est dire au papillon : allons, minute !
Et le clouer un peu sur le tableau des luttes !
En lui changeant une aile ou deux, il peut reprendre ;
C’est beau de regarder nos couleurs se répandre.

Germinations de Floréal sous les Soleils :
C’est la Tempête à chaque étage ! et ça essaime !
Tombe des nues ! Ruée énorme hors du sommeil !

La rue tient le matin dans des chants qu’il parsème !
Souffle cassant qui va de pylône en pylône,
Jusqu’à rouvrir son œil, Vent fortifié, Cyclone !