PRESSION ATMOSPHÉRIQUE

I

Cherche. Il pèse dans l’air. Il oppresse, il déprime,
Et il nous touche tous comme une belle rime !
Il est fort comme un Bosch, riche comme un Basquiat,
Profond comme un Rembrandt, vieux comme un séquoia !

Il est changeant et infini : il a toujours
Été. Cette abstraction exerce hors de nous-même
Toute une action extraterrestre, et l’homme court
En ravi de la crèche à la fin de lui-même !

C’est une masse, atmosphérique et chaude,
Une volée de bois qui toujours s’échafaude
Dans le vert de l’espoir qui merdoie les statues…

C’est l’air du Temps ! […] Et le problème est qu’il nous tue. […]
Il tourne en rond et à tel point qu’il accélère !
Changer d’air ! La solution est légendaire !

II

De quoi ce siècle est fait ? De l’air que l’on respire.
Nuage de buée dans un froid de plastique,
La pollution abonde et nous courrons au pire
Pour la première fois de notre histoire épique.

Qu’a ce siècle de grand, de beau ou de spécial ?
Il pense au pourcentage, il éprouve sans art ;
C’est un temps qui se chiffre un peu plus qu’il se parle :
Trois pour cent, deux degrés, un sur cinq, huit milliards.

De qui ce siècle est fait ? […] Et que font-ils encore ? […]
Comment juger d’un temps alors qu’il court toujours ?
Je parle au pifomètre en parisien d’alors :
Comment jauger l’enfant des idoles du jour ?

Ce siècle est d’un spectacle affligeant à pleurer :
Dans le bal de sportifs entrepreneurs d’argent,
Danse au parterre une beauté, mais repliée
Dans la vie minuscule où vont de braves gens.

Nous sommes d’une espèce exemplaire, alors montre
Ta trempe d’être humain dont tu dis que tu es.
Faire son monde entier, réussissant son contre,
C’est l’exemple de vivre à donner à penser.

III

Mon fils, ma fille, à vous lecteurs, à mon prochain :
Quoi que tu sois, entre la bête et le machin,
Ange non advenu, tu m’as donné le goût
Et je t’ai fait éclore, alors marche debout !
Joie débordée de notre sang, comme un oiseau
Vivant pur dans son ciel et son nid de roseaux,
Tu traverses l’espace. […] Il ne fait pas de traces
A picorer la terre au profit de sa race.
Il piaille de purs chants au plus près du soleil
Et il vole, enjoué, dans un monde pareil.
C’est mon idéal d’homme et de société,
Ce prince des oiseaux chantant sa liberté.