COUPS D’ÉCLAT

I

Le peuple est en colère et il a de la poigne :
Jupiter, redescends ! Ici c’est la misère !
Contre Macron, toute la France est en campagne :
Du rond-point de Cannet au port de Saint-Nazaire,
C’est le grand défilé fluo des Gilets Jaunes !

D’un mauvais œil, Macron regarde ce cyclone :
Qui sont ces gens ? Ça pue la clope et le gasoil.
C’est rien. Des péquenauds. Des beaufs. Des camionneurs.
Des petits employés descendus de leur Toile,
Des édentés, des galériens, des chicaneurs.

Mais aux ronds-points, l’esprit s’échauffe autour du poêle :
Ils nous la mettent à l’amende ! Et on dit rien ?
Ils font la pluie et le beau temps, et on régale !
Les gens, nos ennemis sont communs ! On retient.
Fraternité d’Hivers dans la nuit des étoiles.

Enfants des Deux cents ans de la Révolution,
Renouons en chantant et poursuivons la lutte !
Nous irons sur les Champs proclamer notre action.
« Penser printemps ? » C’est fait. Il fleurit à ta chute !
C’est l’heure de l’Histoire – et ta Révocation.

II

À ces chiens défendant la parole du Maître :
Est-ce par lâcheté ou pour l’amour d’en être ?
Volupté de l’esclave à tenir leur crachoir ?
Quel honneur à lécher les bottes du pouvoir ?

Et suspendus à nos ronds-points, ils vous klaxonnent !
On dit : Attend, descends, parle un peu, dis-nous tout.
On monte un monde ensemble, on te met dans le coup ?
L’autre jappe soudain : son téléphone sonne.

Ces chiens de journaleux aboyaient en bavant.
Banlieue Verte levée, avec son cul terreux
Rappelle à Pôle et Banlieue Rouge un morceau d’eux !
Monsieur, ma vie ! j’ai vu des Blancs taper des Blancs !

Viens, petit rapporteur ! viens simplement tester !
Monsieur l’Agent, par où peut-on manifester ?
Quand tu seras cerclé, ils sonneront les cloches :
Ça tire à vue et au hasard dans la caboche.

Tu es touché ! Et dans un rêve humanitaire,
Tu t’écoutes parler et chaque commentaire
Te blesse et te réveille à l’horreur de tes feux !
C’est l’ironie du sot lorsqu’il est périlleux.

« Cache-œil pirate et criminel ! Retour de flamme !
C’est mérité ! Il n’a qu’à pas ! Dans la réclame,
Ils ont dit que ! […] » Gratteur, viens par ici que je t’allume !
C’est la langue coupée, le goudron et les plumes !

III

Et toi, le Prince errant entre deux arrêtés :
Qu’ils viennent me chercher ! disais-tu, l’autre été,
Ivre de ton pouvoir, défendant Benalla ;
L’Hélicoptère attend. Tu ne seras pas là.

Ton pouvoir est nerveux et d’un long bras qui tremble
Il ne brasse plus rien qu’un grain qui nous rassemble !
Et en tombant des nues tu réponds d’un éclair
Et tu tires, parbleu, de moins en moins en l’air !

Nous les affreux jojos, les gaulois réfractaires,
Nous avons à parler et nous te ferons taire.
Dans les salons, cela étonne et, irrités,
Ils corrigent le tout et déforment le trait.

Ils nous prennent de haut et déversent leur boue !
Nous sommes le grand nombre et joindre les deux bouts
C’est faire un peu sauter le tableau de ces ânes :
Nous les surlignons au fluo, et ils pavanent !

Pour un ou deux chantant, on a combien de flûte ?
Ne cherchez pas ailleurs les raisons de la lutte.
Il faut, pour obéir, éprouver du respect :
Si vous perdez la face, on ferme vos clapets.

Nous les bêtes de clercs à bâter pour le gain,
Ânes de manuel baragouinant, sanguins,
On tire au sort et on s’y tient ! Tu es foutu.
C’est pas pour dire : on sait que l’âne, il est têtu.

Police d’instinct jaune appâté par le gain,
Tu défoules ta joie en nous prenant la main.
Ils étaient préparés à aller jusque là
Et nous allions chantant dire qu’on était là ?

Des coups d’éclat dans l’œil, mais revenir demain !
C’est un jeu de vilains que d’en venir aux mains,
Mais il est l’heure, allons mon œil, au coup d’État !
C’est œil pour œil mais du bonheur en sourira.

On a le sens de nos portées : c’est pour Demain.
C’est un jeu de vilains que d’en venir aux mains
Mais il en va de notre faim, qui fleurira !
C’est dent pour dent mais du bonheur en sourira !